"Alors
même que les bactéries développent une résistance de plus
en plus efficace à tous les antibiotiques, l'introduction
à grande échelle de plantes transgéniques risque-t-elle de
leur faciliter la tâche ? Nombre de ces OGM comportent
en effet, intégré à leur génome, un gène de résistance aux
antibiotiques, qui sert de marqueur. Ce risque a été bien
légèrement évacué par les experts. Il est d'autant plus sérieux
que, parallèlement, on favorise la résistance des bactéries
pathogènes en utilisant largement les antibiotiques dans l'alimentation
des animaux d'élevage. Avant de répandre des OGM dans l'environnement,
il serait opportun d'effectuer des « constructions génétiques
» qui n'utilisent pas ces gènes de résistance. Les OGM risquent-ils
d'aggraver le problème crucial de la résistance bactérienne?
La construction et la production à grande échelle de plantes
génétiquement modifiées génèrent beaucoup d'espoir mais suscitent
également de nombreuses interrogations. L'une des plus sérieuses
porte sur ce que l'on nomme la résistance et recouvre deux
questions distinctes. |
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D'une part, la résistance au produit
du gène transféré dans la plante : cette question relève de
compétences autres que la mienne(I). D'autre part, la résistance
aux antibiotiques. Celle-ci pourrait se répandre en raison
des gènes bactériens utilisés pour mener l'opération de transgenèse
et qu'on a laissé subsister dans la plante transgénique où
ils n'ont plus d'utilité. On ne peut exclure que ces gènes
de résistance aux antibiotiques puissent migrer de la plante
transgénique aux bactéries. Cet éventuel « retour à l'envoyeur
» risque-t-il fortement d'accroître le phénomène de résistance
aux antibiotiques chez les bactéries pathogènes pour l'homme?
(.....)
Est-il opportun de ne pas appliquer le principe de précaution
en autorisant la dissémination de constructions « de première
génération », peut-être utiles à l'avancement des techniques
de transgenèse, mais impropres à l'utilisation sur le terrain
? Et ce alors même que le « système de biovigilance » sera
dans l'impossibilité d'évaluer l'impact de ces constructions
sur la dissémination de la résistance aux antibiotiques, l'origine
d'un gène non « marqué » étant totalement intraçable dans
les conditions naturelles(II) ? Est-il opportun de créer un
précédent susceptible d'inciter les producteurs de semences
à négliger les précautions les plus élémentaires ? Tout ceci
est-il opportun, alors que depuis plus de vingt ans aucune
nouvelle famille d'antibiotiques n'a été introduite en clinique
? " |