Salut Arno, alors, pour com-mencer notre petit entretien,
peux -tu nous expliquer ton parcours ?
Alors, j'ai commencé avec Billy Ze Kick et les Gamins
en Folie, on était une bande de copains, on a tourné
pendant quatre ans et demi, on a fait les bars, les p'tites
salles, et tout.
Avec Billy Ze Kick vous avez reçu un disque d'or
?
Un disque platine
Alors pourquoi avoir arrêté ?
Attends, je continue : notre histoire c'est qu' en 89, y'a
un mec de Polygram qui vient nous voir, qui nous dit "
j'aime bien ce que vous faites, je vous signerais bien. "
Nous on voulais arrêter déjà à
ce moment là. On en avait marre, on traînait
toujours ensemble. Les Gamins en Folie c'était une
farce, moi, mon style c'était plus triphop et drum'n
bass, tout ces trucs là, j'voulais déjà
m'barrer sur d'autres trucs. Bref, le mec nous signe donc
on repare pour deux ans de tournée, bon là,
grosses salles, l' Olympia, etc, etc,... et au bout de deux
ans, on a arrêté, y' avait plus la même
ambiance, voilà.
T' avais aussi envie de voir autre chose, de rencontrer
de nouveaux musiciens ?
J' ai fait les Raggamins juste derrière, j'étais
auteur-compositeur à 50% sur l'album, j'ai fait deux-trois
concerts, et j'ai eu un problème de santé donc
j'ai arrêté et je suis retourné chez moi
et pendant un an ou deux, j'ai commencé à sampler,
sampler....
Mais tu samplais déjà sur les Raggamins ?
J'en faisait mais sur sampler, pas sur P.C., c'est au début
des Raggamins que j'ai acheté une machine, j' me suis
mis à l'info, j'ai commencé à faire une
grosse bibliothèque de samples et maintenant je me
retrouve avec plus de 6750 samples. Au bout de deux ans j'ai
rencontré Paco de Canal B, enfin on s'connaissait déjà
un peu, on faisait une émission ensemble et on a créé
le DCA.
C'est donc Paco et toi, les fondateurs ?
En fait, c'est Paco, moi et Mathieu Morel, le batteur de Mezues,
groupe briochin de chansons françaises dans l'esprit
" La Tordue". C' était en 96.
Donc au départ vous n'étiez que trois
?
Non, en fait, l'idée venait de nous trois, c'était
de monter un collectif de musiciens parce que le patron des
Tontons Flingueurs nous avait branché sur le plan d'
un concert pour la fête de la musique où on n'arrêterait
pas de jouer. Du coup on a branché plein de potes musiciens
et on s'est retrouvé à une trentaine. On a joué
ce jour là pendant sept heures et demi, sans s'arrêter.
D'où ce que l'on peut lire sur le site : "le
DCA ne peut jouer moins de trois heures..."
Le DCA ne peux pas jouer moins de trois heures, si tout le
monde veut passer sur scène il faut ça et encore
c'est court.
Nous v'la partis dans l'aventure avec Paco et compagnie. On
monte une asso qui s'appelle DCA records, la base pour gérer
la finance, etc...on développe le truc, tranquilles
pendant un an, on répète tous les dimanches
à Cesson dans un bon local tranquille, on fait que
des concerts intéressants, dont l'Olympic à
Nantes..., il faut que ça le soit, sinon ça
sert à rien de déplacer trente personnes surtout
quand les gens sont bénévoles.
C'est avant tout une aventure passionnelle
Oui, c'est une histoire d'amour le DCA, c'est vraiment des
potes.... et maintenant on est quarante deux, on s'est bien
agrandit.
La philosophie du DCA ? "L'improvisation sur le
sens de la vie." |
Tout le monde peut-il frapper à la porte du collectif
?
Voilà, n'importe qui peut venir, c'est ouvert, et puis
on dira pas à quelqu'un, " ben non c'que tu fais,
c'est de la merde" . Si ça ne passe pas, les gens
le sentent.
Mais en revanche, tu peux, au sein du collectif, créer
des affinités ?
Bien sûr c'est pour ça qu'on a créé
GSM. Un soir, on était dans un concert du DCA et à
un moment, on s'est retrouvé à deux : Mr Manu
et moi, ( qui faisait aussi les machines au collectif ), tous
les autres s'étaient barrés, va savoir pourquoi,
il devait y avoir du champagne...du coup on se retrouve à
deux sur scène et on improvise pendant trois quarts
d'heure. On a trouvé que c'qu'on faisait c'était
marrant et une semaine aprés on a décidé
de faire un truc tous les deux. Moi j'vais voir Pierrot (
Paintball ), qui trouvait le concert génial et tout,
on fait un disque, il nous prête des sous , et on a
sorti tout de suite le dix-titres avec La Valise, Mamadou...qui
est sorti en décembre 99, pour les Trans. Bon s'était
vite fait, y'a des défauts.
Mais l'esprit y est, et c'est plutôt sympa. Les gens
bougeaient plutôt bien lors du dernier concert aux Trans.
D'ailleurs vous étiez plus nombreux sur scène
?
Avec GSM on a déjà fait une quinzaine de
dates, on a joué en première partie de Massilia
Sound System. Comme on jouait toujours avec le DCA, dans lequel
on avait d'autres affinités notamment avec Pierre,
l'ancien guitariste de Ouf La Puce, Titi, Renaud ( guitare
), Thierry, et Paul ( machines ), du coup on est six.
Et les Dubitators ?
Ben, parallèlement à GSM, Renaud ( de GSM )
et Fred ( du DCA ) étaient en train de composer des
morceaux dub et ont branché plusieurs personnes du
DCA : Paco, bassiste, Mathieu, batteur, et moi ( voix et texte
) pour enregistrer les treize titres à Nantes. On a
sorti un quatre titres là dessus. Pour les concerts,
c'est un peu plus compliqué parce que certains ont
des métiers à côté donc ne peuvent
pas tourner. Pour les concerts, on a du recruter un batteur
de Bordeaux et un bassiste de GSM, on joue souvent mais on
répète quasiment pas : avec le batteur à
Bordeaux, on s' envoie des morceaux. Enfin ça va parce
que ce mec, c'est une pointure, il a joué notamment
avec les Wailers????, y'a pas de problème.
Par rapport à GSM qui oscille entre jungle et dub,
quel est le style des Dubitators ?
C'est dub à mort.
Combien de CD avez-vous sorti pour l'instant ?
Deux exactement, plus une compile. Pour l'été
on sort trois CD : un Dubitators, un GSM et un DCA.
Et les concerts ?
Six dates à venir, en février, mais hors de
Bretagne, à Bordeaux, notamment. |
|
On peut trouver les dates sur le site ?
Oui oui. et on risque de faire une soirée à
Rennes dans une salle, GSM, DCA, Dubitators plus probablement
d'autres groupes avec lesquels on ferait un échange,
eux viendraient sur notre soirée et nous sur la leur.
Ce serait marrant.
Quelles formations ont les membres du collectif ?
Y'a de tout, des autodidactes, comme moi, mais aussi des
mecs qui sortent du conservatoire.
"
Le DCA ne peux pas jouer moins de trois heures, si tout
le monde veut passer sur scène il faut ça
et encore c'est court.
" |
C'est un peu organisé comme un sound system
?
Oui et non, y'a un directeur artistique mais y'a pas de
chef, et puis la base du DCA, c'est l'improvisation, on
peut improviser pendant 5 heures, 6 heures, c'est du dub
mais on fonctionne de la même façon qu'un groupe
de jazz. Et puis il faut savoir qu'il y a une section cuivre
assez impressionnante dans le DCA : tuba, trompette, sax,
au complet, ils doivent être huit. T'as huit mecs
qui jouent du cuivre sur scène, c'est " BOOM
" ! Lors des derniers festivals, on devait être
vingt cinq sur scène. La formation, c'était
deux claviers, cinq cuivres, deux guitaristes, trois bassistes,
trois batteurs, quatre-cinq chanteurs..
Pas d'accordéon ;-) ?
Non, pas encore, pourtant j' en joue, en fait je m' en sert
pour faire des samples.
"C' est une histoire d'amour le
DCA, c'est vraiment des potes...". |
Vous avez été contacté, suite
aux Trans par des maisons de disques ?
Non, pas plus que ça. Et nous en plus, avec DCA records,
on a une politique : on veut faire tout en indépendant.
Liberté chérie ?
Ouai, pas forcément liberté chérie,
nous c'qu'on veut faire c'est un collectif un peu comme
Massive Attack, qui a son propre label, ou Massilia qui
s'autodistribue, s'autoproduit. Tu gères ton truc,
même si tu vends moins, tu t'en fous, du moment que
t'as assez pour bouffer, c'est le principal.
Et si une maison de disque vous appelle, " ce que
vous faites, c'est d'la balle, on signe" ?
Ca dépend. Nous ce qu' on rechercherait c'est un
contrat de distribution avec une maison de disque ou autre
chose. Signer avec une maison de disque, en artiste, c'est
pas interessant, pour être obligé de faire
de la merde..., et puis aussi gagner moins d'argent, car
tu ne touches qu'un pourcentage.
Pour "Jus de ta Chatte " , j'ai été
contacté par des maisons de disques qui m'ont dit
" on voudrait bien sortir ce morceau version disco
", voilà, j'ai dit non, cette chanson, c'était
juste un délire. Et y'en aura une encore mieux sur
le prochain !
Et puis souvent, dans les maisons de disques, c'est les
secrétaires des secrétaires qui font le tri.
Donc ce qu' il faudrait, c'est aller sur Paname pour donner
en main propre, mais on refuse d'aller sur Paname.
Pourtant deux jours c'est pas la mort non plus...
Non ! Jamais j'y foutrai les pieds !
Breton têtu !
C'est clair.
As-tu des influences musicales particulières ?
Tout, tout et n'importe quoi.
Des albums cultes ? Dans le dub, je pense à Lee
Perry, par exemple ?
Ouai, Lee Scratch Perry, entre autre, mais en albums cultes,
j'écoute de tout, aussi bien du hardcore trash que
de la musette.
Ca te permet justement de faire tes mixes, d'y trouver
une diversité, une originalité ?
Oui, moi j'suis vachement influencé par le dub et
le drum 'n bass et actuellement des groupes comme Hightones,
monstrueux !, le meilleur groupe de dub français
ou encore Lab, La Phaze, toute la nouvelle vague de dub
français, j'écoute vachement ça en
ce moment. On avait fait un concert avec eux cet été,
ça c'était super bien, en Vendée, lors
des Feux de l' Eté, un super festival. Y'avait les
Skatalites, entre autre.
Et quand tu vois Lee Perry qui vient faire des concerts
dans le trou du cul des Côtes d'Armor...
Mais en Bretagne y'a vachement de festivals reggea, ragga,
d'ailleurs y' en a trop l'été.
Mais non, c'est une dynamique dans la lignée des
fest-noz.
C'est mal réparti, il y a trop de trucs, regarde
Fortitude, les mecs ils se plantent, donc où est
l'intérêt ? Si c'est pour se vautrer et rien
faire l'année d'après....
Oui mais regarde lesVieilles Charrues à Carhaix
?
Oui, mais c'est un truc qui roule.
Ils ont mis le temps en commençant gentiment
Ce qu'il faut voir c'est pourquoi tous les p'tits bleds
de Bretagne veulent tellement organiser des trucs. Et surtout
par rapport aux zicos, quand tu fais une date, deux dates,
cinq dates et que t'as des problèmes de paiement.
Au bout d'un moment t'es un peu énervé.
C'est ce qui c'est passé cet été, on
est tombé sur des plans hyper galères. Les
mecs veulent faire un truc, au niveau de l'orga, ça
suit pas, parce qu'il manque la moitié du matos,
y'a pas de sécurité, ils se font piquer la
sono, c'est n'importe quoi.
Alors y'a des mecs qui font ça trés trés
bien, genre le festival des Feneks à St Cast, ils
ont commencé gentiment, sans trop d'envergure au
départ.
T'as pas envie de participer bientôt à un
p'tit festival ?
Si c'est bien payé, pas de problème. On a
été contacté par les Vieilles Charrues
pour participer au Tremplin. mais je ne veux plus le faire,
le Tremplin c'est une histoire de compétition, en
plus les gens sont pas payés, autant faire une soirée
" découverte ", au moins ceux qui marchent
moins ne sont pas dénigrés, tu joues détendu.
Si je joue aux Vielles Charrues cet été, je
rentre par la grande porte. J' irai pas jouer gratos pour
un festival.
Tu l'as déjà fait, c' est peut-être
un passage obligatoire pour se faire connaître ?
Oui, je l'ai fait et c'est ce qu'on pensait au départ.
Finalement, est-ce que ça vaut le coup de jouer gratos,
j'en suis pas certain, ça te valorise pas forcément.
Pour les bonnes causes, je suis d'accord, c'est intéressant,
comme cet été, on a joué pour la marée
noire.
En plus on n' est pas des groupes chers.
Y'a t'il une philosophie propre au DCA ?
L' improvisation sur le sens de la vie, ....comme dans les
Monty Python.
Ca vous mène loin ?
Putain... ! ;-) ;-).....
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