Existe-t'il un pays plus fidèle
à ses saints que ne l'est la Bretagne ?
Offrandes d'ex-voto en remerciement des prières exaucées,
bénédictions de bateaux pour protéger
les marins et processions de la vierge témoignent
toujours de la grande piété des bretons.
Aujourd'hui encore, des pardons à profusion s'élèvent
à la gloire des saints guerrisseurs et de Notre Dame.
Et les paroissiens de promener solennellement les statues
en bois polychrome, d'entonner les cantiques religieux pour
enfin cloturer la cérémonie de danses et de
chants sur l'air païen du biniou. Le voici, l'esprit
breton, dans toute son ambiguité : profane et sacré
à la fois.
Et les fêtes traditionnelles toujours vivaces continuent
à coller à l'image de notre région,
de sa dévotion pour les uns, de sa bigoterie pour
les autres. Chacun y verra sa propre interprétation.
En 2001, il n'est plus d'"Islandais" ni de Terre
Neuvas s'en allant courir péril en mer lors des grandes
campagne de pêche. Les accidents persistent mais les
deuils sont moins courants. Il semble que Dieu ait entendu
les prières des ouailles. Aujourd'hui, les anges
sont technologiques. Aleluia !
Les temps changent...
D'un point de vue plus moderne, les pardons semblent prendre
un rôle plus social. Ce sont des fêtes où
il fait bon tisser le lien de la communauté, une
manifestation qui rythme la vie du "pays", un
peu comme la fête des récoltes qui
réunnissait jadis un village entier pour cloturer
la fin d'un long labeur commun.
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Mais qu'importe ! La perception de notre
espace a beau muter, les habitudes persistent. Est-ce plus
mal ?
A Saint Quay Portrieux, en Côtes d'Armor, on aime
croire à Saint Marc qui secourut au XIè siècle
des marins vénitiens en péril. Depuis le miraculeux
sauvetage, les paroissiens des villages alentours se réunnissent
chaque année, au mois de juillet, autour de la jolie
chapelle du Saint Patron. Une manière de rendre hommage
aux courageux pêcheurs du pays, de conserver une mémoire
collective, de sauvegarder une identité.
Et puis n'est-il pas charmant de se laisser bercer par un
décor champêtre avec la mer à proximité
et de pouvoir découvrir le temple habituellement
fermé ?
Avec sa belle statue XVIIème en bois polychrome de
Saint Brieuc, son plafond en forme de "carène",
son rare et beau clocher "en peigne" ou ses écussons
sculptés dans la nef par l'artiste amateur Raymond
Mahé, la petite chapelle Saint Marc recèle
de bien jolies curiosités.
Le pardon de Saint Marc est une journée hors du commun
où il fait bon s'attabler ensemble à l'ombre
de la toile cirée et s'ouvrir à son prochain.
Vous vous intéressez à la société
bretonne mais ces cérémonies religieuses vous
semblent quelque peu barbantes ? Dépassez vos préjugés
: Pensiez-vous qu'on ne parle que du Bon Dieu dans ces cérémonies
? Vous serez surpris...
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