Rappelez-vous ces atmosphères de quietude ou d'excitation
lorsque vous découvriez de nouveaux lieux, de nouveaux
paysages. Au pied des falaises, les houles, grottes creusées
par l'érosion, peuvent assouvrir l'imagination. Une
petite ouverture dans la roche peut révéler
des kilomètres de couloirs, des salles, des parois
aux formes étranges. Certains y ont vu des trésors,
des chapelles ou même, des fées.
illustration
de B.
Froud
La Bretagne Nord, côte sauvage et déchirée
offre de nombreux abris aux fées.
Il était une fois un pêcheur qui relevait son
butin lorsqu'il entendit une fée sur la grève
qui lui dit :
- Attention, pêcheur, évite demain de venir sur
cette plage car nous devons célebrer notre reine et
nous importuner te serait fatal.
Mais le pêcheur, se moquant de l'avertissement, revint
le lendemain. Alors qu'il besognait activement, la fée
l'interpella de nouveau.
- Helas, pêcheur, tu ne m'as point écoutée.
A présent il est trop tard.
Le pêcheur, inquiet, cette fois, tente de revenir mais
tout à coup, il se transforme en poisson et disparait
dans la mer.
Il ne faut pas défier les fées. Les fourbes
et les impolis se voient vite punis.
Un jour, deux laboureurs qui travaillaient prés de
la Houle de la Corbière entendirent les fées
crier :
- Pâte au four, il est chaud !
- Faites-moi une galette ! répondit l'un des bonhommes
!
Sitôt dit que voilà une belle galette, "toute
jaune et toute dorée" apparaître à
ses pieds. L'eau à la bouche, il se jeta alors dessus
mais lorsqu'il l'ouvrit, il la trouva remplie de poils !
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On raconte pourtant, les fées
des grèves sont bonnes et compatissantes, généreuses
et avenantes, n'hésitant guère à rendre
service aux humains, si ceux-ci sont de bonne intention. Par
leur magie, elles confectionnent du pain, du beurre ou des gâteaux
qui ne diminuent jamais. De nombreuses et simples personnes
ont été secourues de la misère grâce
aux fées. Celles de la Corbière
en montre l'exemple. Les belles dames des houles n'hésitent
pas à se montrer aux hommes, même si elles possèdent
la faculté de se rendre invisibles grâce à
un onguent dont elles enduisent leurs nourrissons. Elles aiment
vivre en famille, autour de leur reine. Sa cour est constituée
de fétauds (maris des fées), êtres d'une
beauté irréelle, de fétouillons ( enfants
des fées ), qui restent cachés et protégés
dans les houles et de fions ( lutins-gardes du corps ), vifs
et enthousiastes, qui n'hésitent pas à organiser
une armée si guerre entre clans féeriques il y
a. (Chose rare mais pas inexistante).
Les belles dames des houles sont blondes, jeunes et
elancées. En veillissant, le temps les tasse, les couvre
de goémons et de coquillages.
Elles aiment s'occuper de travaux ménagers, tisser, cuisiner,
balayer et la nuit venue, danser sous la lune.
Mais voilà, tout a une fin, parfois les houles s'effondrent,
isolant l'abris des fées du monde des hommes. On ne voit
plus de fées, on ne parle plus des fées et on
finit par oublier ces cachettes enchantées.
Mais rien ne vous empêche, en visitant les houles, d'appeler
secrètement les fées. Qui sait...? Peut-être
vous inviteront-elles au royaume de féerie ? |