
Quand l'histoire nous apprend que
c'est au XIIème siècle qu'apparaissent les premiers
textes relatant les exploits d'Arthur, il nous vient une question
: Pourquoi, soudainement, au bout de 700 ans, vanter et valoriser
les victoires d'un général breton au Pays de Galles
face à l'invasion saxonne ?
Petit rappel historique :
Au XIè siècle, l'île de Bretagne est occupée
par les Saxons. Ceux-ci doivent cohabiter avec les autres peuples
de l'Ile, tels que les Bretons dont ils sont les anciens enemis
(voir "Arthur, un personnage historique
?").
Mais l'an 1066 voit le Normand Guillaume le Conquérant
gagner la bataille d'Hastings et concquérir la Grande
Bretagne. Malgré leur victoire, les Normands, en minorité,
ont de grandes difficultés à s'imposer.
C'est alors que Geoffroy Plantagenêt, le descendant de
Guillaume le Conquérant, décide de puiser dans
l'histoire de la civilisation de l'Ile de Bretagne des interactions
possibles avec le continent. En quelques sortes, il veut crédibiliser
son pouvoir, faire avaler la pillule aux colonisés. |
|
Au XIIème siècle,
les seuls liens historiques et culturels existants entre les
deux cultures sont ceux de la romanisation du Pays de Galles
les quatre premiers siècles de notre ère.
Ainsi, en 1138, un compagnon du roi, Geoffrey de Monmouth compose
le premier texte qui fondera toute la légende : l'Historia
regum Britanniae. Il reprend l'histoire mythologique de l'Ile
depuis ses premiers habitants, l'apparition des géants,
l'invasion des Bretons, et place ensuite les romains comme premiers
héros civilisateurs du royaume. Le tour est joué,
les romains, glorifiés, font le lien entre les deux cultures.

L'histoire se poursuit et ne tarde pas à révéler
un héros, un roi, Arthur dont l'histoire valorise habilement
le peuple breton alors en guerre contre l'énemi saxon.
Mais le plus habile,
c'est lorsqu'apparait Merlin, qui "établit une continuité"
entre l'histoire d'Arthur au Vè siècle et le règne
des Normands XIème siècle. Car Merlin n'a-t'il
pas pour but de vaincre l'enemi Saxon ? Enemi, de ce point de
vue, commun aux deux cultures ?
La légende d'Arthur peut alors commencer. |