"Cent
mille malédictions je te donne, la malédiction
du soleil, la malédiction de la lune, la malédiction
des étoiles..."
Telles étaient les imprécations des sorcières
de Basse-Bretagne.
Les sorciers possèdent la science des plantes et des
herbes. Celles-ci sont souvent cueillies dans des endroits de
mauvaise réputation, comme les cimetières, les
carrefours et les landes.

Les rituels doivent répondre à des règles
précises, en fonction des astres, du nombre de gestes.
Quand il veut nuire à certaines personnes, le sorcier
ramasse la terre des ossements humains dans trois cimetières
différents avec laquelle il touche ses victimes.
On raconte aussi que pour obtenir des richesses, il faut attraper
une grenouille verte le jour de la pleine lune, la déposer
dans une fourmilière et prononcer : "Sans peur ni
effroi, grenouille verte poursuis ta route, fais connaissance
avec le Diable, pour qu'il m'apporte un peu d'or et que j'aie
le moyen de ne plus travailler..." .
Le sorcier doit se rendre ensuite à un carrefour de cinq
chemins et à minuit sonnante entonner : "Je promets
fidelité à Satan et sa lignée et aux quatre
coins du monde, pour lui j'irai courir...".
Le Diable apparait et remet à son serviteur un chat noir
auquel le sorcier confie une bourse. Le lendemain, la bourse
se retrouve remplie d'argent. |
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Il arrive qu'un sorcier
envoûte au hasard, en ensorcelant des objets qu'il dépose
sur les chemins et qui seront susceptibles d'être convoités
et ramassés.
On raconte aussi qu'il existe un maléfice très
répandu en Bretagne : celui de nouer l'aiguillette pour
rendre un homme impuissant. Il suffit de prendre le membre d'un
loup "fraîchement" mort, frapper à la
porte de la victime et dès qu'elle répond, lier
le membre avec un lacet de fil blanc.
Des sortilèges, il en existe de toutes natures, contre
les éléments, les saisons, les hommes ou encore
le bétail.
Le lis cueilli sous le signe du lion, mêlé de laurier
et de sept poils de loup, posé sur une couche de fumier,
produit des vers. Le sorcier doit récolter ces vers,
les réduire en poudre et les jeter dans du lait. Une
fois le mélange prêt, l'ensorceleur place la concoction
dans une étable en la couvrant d'un morceau de peau de
vache. Ainsi, toutes les vaches de la couleur du morceau de
peau ne donneront plus de lait.
Les peines et les malheurs furent souvent attribués à
un maléfice ou une malédiction. Au grand bonheur
de certains qui profitaient de la naïveté des campagnards
pour influencer les esprits de leur dogme. Ou est le Bien ou
est le Mal ? Les voix du seigneur sont-elles toujours aussi
impénétrables ? |