Le diable possède ses livres sacrés,
ses grimoires aux secrets obscurs.
Ces ouvrages, rares, sont gardés jalousement et secrètement
par quelques familles qui se les transmettent de génération
en génération.
Les pages sont de sang, et brûlent tout oeil qui s'attarde
à en fixer la couleur.
Parmis ces grimoires, l'Agrippa est signé par le diable
lui-même.
Ce livre dangereux doit être manipulé avec précautions.
Il doit toujours être suspendu à une poutre tordue,
la plus haute de la maison.
Le grimoire "vivant" ne divulgue pas ses secrets facilement.
Il faut l'y contraindre et le rosser pour voir les caractères
noirs se distinguer des pages rouges. On raconte que l'homme
qui possède l'Agrippa sent le soufre et marche avec beaucoup
d'hésitation, de peur de pietinner une âme. |
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Mais une fois l'Agrippa possédé,
on en est prisonnier.
Un jour, Loizo-Goz de Penvénan voulut se débarrasser
de l'Agrippa. Il le donna à un paysan, traînant
par une chaîne le grimoire qui refusait de quitter le
logis.
S'en revenant, le coeur plus léger, Loizo-Goz sentit
un courant d'air rapide et violent passer à travers lui
et lorsqu'il arriva chez lui, c'est avec un grand découragement
qu'il découvrit l'Agrippa à sa place.
L'Agrippa ne craint les flammes.
Bien résolu à se débarrasser du livre maudit,
Loizo-Goz décida de faire un grand feu et d'y jeter l'Agrippa.
Mais les flammes, au lieu de consummer le livre, s'en écartaient.
"Puisque tu as si bien
choisi, il te sera, par-dessus , donné de surplus
tout le reste. Tu auras tout mes secrets..."
Michelet |
La seule personne capable de libérer une âme de
l'Agrippa est un prêtre exorciste. Ce sont d'ailleurs
les membres du clergé qui furent les premiers à
posséder l' Agrippa.
On raconte qu'à Gahard existait une petite chambrière
qui travaillait honnêtement au service du recteur. Un
jour, elle trouva un étrange ouvrage sur la table de
chevet. Attirée, elle se mit à l'ouvrir. La magie
de l'ouvrage l'attirait à lire et lire plus encore. Et
puis soudain, "Pouf", elle disparut ! On ne retrouva
que sa coiffe, près de l'Agrippa. |