La
servante va vers le chevalier, le salue de la part
de sa maîtresse et le prie d'aller lui parler. Guingarnor
abandonne le jeu et s'en va avec la servante.
La reine lui fait signe et le fait asseoir auprès d'elle.
Il ne comprend pas bien pourquoi elle lui réserve un
si bel accueil. La reine prend la parole la première
:
- Guingamor, vous êtes
vaillant, preux, courtois et avenant . une belle aventure vous
attend, vous pouvez aimer en haut lieu. Vous avez une amie courtoise
et belle, je ne connais dans le royaume dame ni demoiselle de
sa valeur. Elle vous aime d'un grand amour. Considérez-la
comme votre intime amie.
- Dame, répond le chevalier,
je ne comprends pas comment j'aimerais profondément une
dame sans d'abord l'avoir vue, abordée et connue. je
n'ai jamais entendu parler d'elle et pour l'instant je ne songe
pas à l'amour. |
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- Ami, dit la reine, ne soyez
donc pas si timide. C'est moi que vous devez profondément
aimer, je ne mérite pas un refus, car je vous aime
de tout mon coeur et je vous aimerai toute ma vie.
Le chevalier reste perplexe et répond en homme sensé
:
- je sais
bien, dame, que je dois vous aimer; vous êtes la femme
de mon seigneur le roi, je vous dois le respect qu'on doit
à la femme de son seigneur.
je ne parle pas, répond-elle,
d'une affection de cette sorte, je veux vous aimer d'amour
et être votre amie. Vous êtes beau et je suis
belle ; si vous mettez vos soins à m'aimer, nous pouvons
en avoir tous deux du plaisir.
Elle s'approche de lui
et lui donne un baiser.
>
Suite
-Source
: Lais féeriques des XIIèmes et XIIIèmes
siècles, ed. Flammarion.
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