Le
roi lui fit escorte ainsi que les gens de la ville,
bourgeois, vilains, hommes de la cour, profondément affligés
parmi leurs douloureuses lamentations.
Les
dames elles-mêmes qui l'accompagnaient ne cachaient pas
leur angoisse. Les veneurs arrivèrent au petit bois proche
de la cité, ils ouvraient la marche en menant avec eux
le limier. Ils cherchèrent la trace du sanglier qui rôdait
habituellement dans ces parages, ils la découvrirent
et la reconnurent pour l'avoir plusieurs fois remarquée.
Ils trouvèrent finalement le sanglier dans des broussailles
aux branches denses. Ils lancèrent le limier le premier,
et le laissèrent aboyer et
levèrent de force le sanglier qui sortit des buissons.
Guingamor sonna du cor, fit lâcher une meute et avancer
l'autre. Les chiens l'attendront près de la forêt,
mais n'y entreront pas. Guingamor commença la poursuite
et le sanglier se mit à tourner en tous sens, quittant
bien malgré lui les broussailles. |
|
Les chiens
le traquaient avec de forts aboiements, ils le menèrent
près de la forêt, mais, épuisés,
ils furent incapables de plus grands efforts. On lâcha
alors la seconde meute; Guingamor continuait à sonner
du cor et la meute à hurler, serrant de près
le gibier qui ne retournera plus dans sa broussaille ; il
se lança en pleine forêt. Guingamor le poursuivit
avec, en croupe, le chien qu'il avait emprunté au roi.
Ceux qui lui
avaient fait escorte, le roi, ses chevaliers et les gens de
la cité, s'arrêtèrent à l'orée
de la forêt. Le roi leur interdit de s'avancer et ils
restèrent là aussi longtemps qu'ils purent entendre
le son du cor et les aboiements des chiens, puis ils firent
tous demitour en recommandant Guingamor au Dieu du ciel.
Le sanglier
s'éloigna, fatigant presque les chiens. Guingamor prit
alors son chien, lui
enleva la laisse, le mit sur la trace et le chien s'élança
après la bête. Le chevalier ne ménagea
pas ses forces pour sonner du cor, pour forcer le sanglier
et pour aider le chien de son oncle. Les petits aboiements
du chien lui plaisaient beaucoup, mais bientôt il le
perdit de vue et n'entendit plus aboyer ni crier le chien
et le sanglier. Déçu, en difficulté pour
se frayer un chemin dans les profondeurs inextricables de
la forêt, il pensait avoir perdu son chien et il en
était triste pour son oncle qui l'aimait tant.
>
Suite
-Source : Lais féeriques
des XIIèmes et XIIIèmes siècles, ed.
Flammarion.
|