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Le pays des contes
Lai de Guinamor

Episode II, page 2


Tous les chevaliers se turent, ne voulant tenter l'épreuve. Guingamor comprit bien que ce défi s'adressait à lui. Dans la salle tous restaient pensifs ; on n'entendait ni bruit ni contestation. Le premier, le roi répondit :

- Dame, vous avez souvent entendu parler de l'aventure de la forêt. Sachez que je déteste en entendre parler, où que ce soit : aucun de ceux qui sont allés chasser la bête n'en est revenu.
La lande y est dangereuse et la rivière pleine de périls. J'en ai subi beaucoup de lourdes pertes, dix chevaliers, les meilleurs de ma terre qui sont allés affronter le sanglier.
La conversation en resta là, l'entourage se dispersa, chacun regagnant sa demeure et le roi alla se coucher. Mais Guingamor n'oublia pas ce qu'il avait entendu, il entra dans la chambre du roi et s'agenouilla devant lui.

- Seigneur, dit-il, je vous demande une chose dont j'ai besoin et je vous prie de me l'accorder, ne me la refusez pas.

- Cher neveu, dit le roi, je vous accorde tout ce qui vous fera plaisir, dites-le-moi, n'ayez pas peur de me le demander; j'accéderai à vos désirs pour tout ce que vous voudrez.
Le chevalier le remercia, formula sa requête et lui en dit l'objet :

- J'irai chasser dans la forêt.

 

Il demande son limier, son chien et son cheval de chasse et prie le roi de lui prêter sa meute pour la journée. Le roi entend bien ce que son neveu lui dit, il en est contrarié et ne sait que faire, il veut revenir sur sa parole, demande à Guingamor de renoncer à sa requête et à son projet : pour son pesant d'or il ne souffrirait pas de le laisser aller chasser le blanc sanglier, car jamais il n'en reviendrait. S'il lui prêtait son chien et son cheval de chasse - auxquels il tenait par-dessus tout et qu'il ne donnerait pour rien au monde -, il ne les verrait plus jamais ; à l'instant ils seraient perdus et il ne s'en consolerait pas.

- Seigneur, répond Guingamor, au nom de la fidélité que je vous dois, je ne renoncerai à aucun prix, me donnerait-on le monde entier, à chasser demain le sanglier. Si vous ne voulez pas me prêter le chien que vous aimez tant, le cheval de chasse, le limier et la meute de chiens, je prendrai les miens.

La reine était survenue et avait surpris la conversation. Les exigences de Guingamor lui firent grand plaisir, sachez-le. Elle pria le roi de consentir aux désirs du chevalier, escomptant en être débarrassée ainsi et ne plus le voir de sa vie. Elle supplia tant le roi qu'il y consentit. Guingamor prit congé et tout joyeux regagna son logis ; il ne put fermer l'oeil de la nuit. Quand il vit venir le jour, il prépara rapidement son équipée et manda ses compagnons. Tous les gens de la maison du roi étaient très inquiets pour lui ; s'ils l'avaient pu, ils l'auraient détourné de son projet en y faisant obstacle. Guingamor fit venir le cheval que la veille au soir lui avait prêté le roi, il emmena avec lui le chien, le beau cor qu'il n'aurait pas cédé pour son pesant d'or et les deux bonnes meutes du roi, sans oublier le limier.
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-Source : Lais féeriques des XIIèmes et XIIIèmes siècles, ed. Flammarion.



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